jeudi 30 janvier 2014

L'agriculture, moteur de croissance indispensable à l'Afrique

Le Directeur général de la FAO marque le lancement de l'Année de l'agriculture et de la sécurité alimentaire et du défi Faim Zéro à l'horizon 2025 en Afrique

Photo: ©FAO/Giulio Napolitano
Entretien d'un carré de taro à Gashikanwa, Burundi
29 janvier 2014, Addis Abeba/Rome - L'agriculture doit devenir le moteur de croissance dont l'Afrique a besoin pour éradiquer la faim et doper durablement la production vivrière, a déclaré aujourd'hui le Directeur général de la FAO, José Graziano da Silva.
Prenant la parole à un événement collatéral organisé en marge du Sommet de l'Union africaine qui se tient à Addis Abeba, M. Graziano da Silva a appelé l'Afrique à redoubler d'efforts. "Plus d'un Africain sur cinq se voit refuser le droit à l'alimentation", a-t-il déploré.
Faisant remarquer que la majorité des dix économies à plus forte croissance du monde sont en Afrique, il a souligné que la région avait le pouvoir de faire changer la situation. Le défi pour l'Afrique est de rendre cette croissance économique plus inclusive en misant sur le développement agricole et rural, les femmes et les jeunes, a-t-il ajouté.
Quelque 75 pour cent des Africains ont moins de 25 ans, et au cours des 35 prochaines années, la population devrait demeurer essentiellement rurale, avec de nombreux ménages dirigés par des femmes.
"L'agriculture est le seul secteur de l'économie capable d'absorber cette main-d'œuvre", a indiqué le Directeur général. "Un avenir inclusif et durable pour l'Afrique doit passer nécessairement par les femmes, par les jeunes et par l'agriculture".
Année de l'agriculture et de la sécurité alimentaire en Afrique
Les Gouvernements auront l'opportunité de renouveler leur appui au développement agricole en 2014, durant l'Année africaine de l'agriculture et de la sécurité alimentaire qui sera lancée cette semaine, à l'occasion du Sommet de l'Union africaine.
"Le lancement de cette Année est une étape importante vers une Afrique durable et libérée de la faim, dont ont rêvé et pour laquelle se sont battus Nelson Mandela et tant d'autres", a fait remarquer M. Graziano da Silva.
Le Directeur général a souligné que l'Année africaine mettra à profit les efforts du Plan détaillé de développement de l'agriculture africaine (PDDAA), lancé en 2003.
L'Année africaine de l'agriculture et de la sécurité alimentaire est célébrée en 2014 en parallèle avec l'Année internationale de l'agriculture familiale (AIAF) proclamée par l'ONU.
"Pendant de nombreuses années et un peu partout dans le monde, les petits agriculteurs, les communautés pastorales et les pêcheurs artisanaux ont été considérés comme faisant partie du problème de la faim", a indiqué M. Graziano da Silva.
"Or, rien n'est plus inexact. Les agriculteurs familiaux sont déjà les principaux producteurs vivriers dans la plupart des pays, et ils peuvent faire mieux encore avec un juste soutien".
En améliorant l'accès aux services financiers, à la formation, à la mécanisation et à la technologie, on peut transformer les agriculteurs de subsistance en producteurs efficaces.
En accroissant la production tout en préservant les ressources naturelles, l'agriculture familiale offre également une alternative durable aux technologies à forte intensité d'intrants qui ont entraîné la détérioration de la qualité des sols, de la terre, des eaux et de la biodiversité, a indiqué J. Graziano da Silva.
Objectif Faim Zéro 2025
Le Directeur général s'est félicité de ce qu'il a décrit comme "l'engagement, au plus haut niveau, d'un continent entier" pour mettre un terme à la faim en Afrique d'ici 2025.
Le Sommet de l'Union africaine adoptera cet objectif cette semaine, conformément au Défi Faim Zéro lancé par le Secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon en 2012.

mercredi 29 janvier 2014

Sénégal : La FAO salue la baisse de l’utilisation des pesticides dans l’agriculture

La formation en gestion intégrée de la production et des déprédateurs (GIPD) a  considérablement fait baisser au Sénégal l’utilisation des pesticides par certains agriculteurs, a déclaré mercredi à Dakar, Vincent Martin, représentant résident de la FAO.
"L’approche formation participative a conduit à réduire la dépendance aux pesticides dans les pays membres du programme de la GIPD. Au Sénégal, des agriculteurs formés en GIPD ont enregistré une baisse moyenne de 92% de l’utilisation des insecticides chimiques avec de fortes augmentations de l’utilisation d’extraits botaniques et de biopesticides", a expliqué M. Vincent.
Il s’exprimait à l’ouverture d’un atelier régional du comité de pilotage du projet : "réduction de la dépendance en polluants organiques persistants (POP) et autres produits agrochimiques dans les bassins des fleuves Sénégal et Niger à travers la gestion intégrée de la production, des déprédateurs et de la pollution".
Selon le représentant de la FAO, l’application des connaissances sur les alternatives sûres et efficaces à l’utilisation des pesticides toxiques et les méthodes d’amélioration de la fertilité des sols offrent un gain de production de 35%.
"Les avantages en terme de services éco systémiques sont multiples, allant de la protection des sols, de l’amélioration de la qualité de l’eau et de la lutte biologique à une meilleure gestion de la biodiversité, mais aussi de l’impact positif sur la santé publique", a indiqué Vincent Martin.
Agence de Presse Africaine - apanews.net : mercredi 29 janvier 2014 ET/cat/APA

Atelier arts gastronomiques dans le cadre de la journée Mondiale de la Culture Africaine

Dans le cadre de la journée de mobilisation en faveur de la Journée Mondiale de la Culture Africaine, le RAPEC, (Réseau Africain des Promoteurs et Entrepreneurs Culturels) en partenariat avec Terroirs Africains et Raffia Synergie ont animé un atelier sur les arts gastronomiques Africains en Belgique.

 A cette occasion, le Groupe de Travail HORECA du Club des Professionnels Africains de Raffia Synergie a tenue sa première réunion dans la centre culturel Kuumba au coeur de Matonge, au coeur de la capitale européenne.


Atelier RAPEC - Terroirs Africains arts gastronomiques et olfactifs Draft de réunion
Samedi 25 janvier 2014

Thème des ateliers de la journée : l’apport de la créativité de la diversité au développement de la Belgique

Constat:
La culture africaine recèle d’un patrimoine culinaire extrêmement diversifié,
Le passé colonial de la Belgique a ancré dans un certain nombre de foyer l’intérêt pour la cuisine africaine

Cependant, les aspirants restaurateurs et porteurs de projets d’ouverture de snack, traiteurs, restaurants ont beaucoup de mal à ouvrir des points de vente qui dépassent les 3 ans.
Malgré un marché alimentaire ethnique dynamique (Matonge - Cureghem), on constate une sous-représentativité des opérateurs et entrepreneurs d’origine africaine dans la commercialisation des produits alimentaires africains.
Difficulté d’ouverture de nouvelles enseignes, de pérennité des entreprises créés.

Les goulets d’étranglement au développement de la créativité dans le domaine des arts de la table:
- la formation des porteurs de projets à la présentation et à la gestion de leurs projets de création d’entreprise : marketing, communication, normes et hygiène,
- l’accès aux financements;
- l’accès aux espaces commerciaux les plus adéquates;
- l’accès aux espaces conseils et réseaux en cas de difficultés;

Objectifs:  apporter des solutions aux acteurs du secteur HORECA spécialisés en restauration africaine
Réaliser un travail de réflexion et de communication sur le fond, pour toucher les consommateurs, les porteurs de projets et les acteurs de la filière tout en tenant compte des problématiques des producteurs, d’où l’investissement dans la notion de terroirs africains

Moyens
- Développement de la communication à destination des acteurs de la filière et des consommateurs sur la base d’un site internet thématique
  • organiser des sessions de réflexion sur les questions professionnels de la filière (proposition RAFFIA synergie Terroirs Africains: GT HORECA)
  • participation et création d’événements à destination du grand public ou des professionnelles: semaine du Goût, salon de l’alimentation à Bruxelles, Organisation d’un concours de gastronomie (proposition Terroirs africains)
  • Organisation d’une quinzaine de la gastronomie africaine et afro-caribéenne du 21 mars 2014
- Exposition au Curo-Hall d’Anderlecht, du 21 mars au 4 avril 2014 (Partenaire FERDEDSI)
- ateliers-animation avec les acteurs de la filière....

Invitation aux acteurs institutionnels, associatifs, aux restaurateurs, traiteurs et porteurs de projet dans le domaine.




lundi 27 janvier 2014

« Emploi des jeunes et Agriculture au Sénégal » Compte rendu de la 2ème édition « Fenêtre sur l’Agriculture »

La FAO et l’IPAR ont organisé le vendredi 24 janvier 2014, en collaboration avec le Ministère de la Jeunesse, de l’Emploi et de la Promotion des Valeurs civiques, la seconde édition de « Fenêtre sur l’agriculture », sur le thème « Emploi des jeunes et Agriculture au Sénégal ».
Cette rencontre a regroupé près d’une centaine de participants représentant les ministères de l’emploi et de l’agriculture, les instituts de recherche (CRES, IPAR, ISRA …), les représentants des Institutions du Système des Nations Unies (FAO, FIDA, ONUDI, OIM), des membres de la société civile dont les organisations paysannes et des ONG internationales, les autorités locales, des partenaires techniques et financiers ainsi que la presse nationale et internationale.
 En fichier joint nous vous proposons en téléchargement le rapport final de cette deuxième édition.



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jeudi 16 janvier 2014

Forum paysan du FIDA - IFAD Farmers’Forum

Forum paysan du FIDA - IFAD Farmers’Forum

Julie Flament, 13 janvier 2014
"The Farmers’ Forum, born in 2005, is an on-going, bottom-up process of consultation and dialogue among small farmers’ and rural producers’ organizations (FOs), IFAD, and governments, focused on rural development and poverty reduction. Engagement with rural organizations at field level, and dialogue at regional and international levels, are articulated as mutually reinforcing processes. Fully aligned with IFAD’s strategic objectives, and rooted in concrete partnership and collaboration at national and regional levels, the Forum meets every two years for global consultation, in conjunction with IFAD’s Governing Council. The forthcoming global meeting of the Farmers’ Forum will be held between 17 and 20 February 2014.
In celebration of the International Year of Family Farming 2014 – an initiative declared by the UN General assembly, promoted by the World Rural Forum and supported by over 360 civil society and farmers’ organizations – IFAD will sponsor a Side Event on Family Farming, as well as a Special Session on Small-scale Fisheries."
More information on the IFAD website
Plus d’information sur le site web du FIDA

Source: Collectif Stratégie Alimentaire

Concours des meilleurs restaurateurs africains en Belgique

Terroirs africains en Europe a l'honneur et le plaisir de vous informer du lancement du concours de gastronomie afro-caribéen en Belgique et du lancement à venir de la quinzaine de la gastronomie afro-caribéenne du 21 mars au 6 avril.


Peuvent participer à cette dynamique les acteurs associatifs africains et les entreprises œuvrant dans le domaine de l'agriculture , de la culture, de l’éducation, de l’économie et de l’économie sociale en Afrique en Europe et plus particulièrement en Belgique.


Terroirs africains soutient l'initiative avec ses partenaires, l’AICSF (Association Internationale Sans Frontières) initiateur de la Marmite d’Or de la Gastronomie Afro-caribéenne à Paris, le RAPEC (Réseau Africain des Promoteurs et Entrepreneurs Africains, et sa dynamique de soutien à l’entrepreneuriat Culturel), ainsi que oodge.com.


En ce qui concerne le concours de gastronomie Afro-caribéenne en Belgique , celui ci comprendra 3 catégories et récompensera les 3 meilleurs entrepreneurs de leurs catégories:
  • catégorie restaurants: Restaurant d’Or, d’Argent et de Bronze
  • catégorie traiteurs: Traiteur d’Or, d’Argent, de Bronze
  • catégorie maquis: Maquis d’Or, d’Argent, de Bronze


La procédure de sélection et les échéances sera la suivante:

  • Janvier 2014: constitution du Jury et de la base de référence des structures participantes, validation des critères de sélection
  • Février-Mars 2014:  visite des établissements
  • Automne 2014: remise des prix aux finalistes
Le formulaire concernant les critères de sélection proposés: ICI





Nous vous serions reconnaissant de nous faire part de vous suggestion, proposition et de nous mettre en relation ou de faire connaitre notre dynamique à toute structure pouvant y être intéressée ou associée.


Dans l'attente, je reste à votre disposition pour tout complément d'information
Fabien Rougeron
Chargé de projet Terroirs Africains
Tel : 0483687409



mercredi 1 janvier 2014

2014, année des agricultures familiales

Source: AFD

30/12/2013
En cette année internationale des agricultures familiales, Zacharie Mechali, expert agronome à l’AFD, nous explique en quoi cette agriculture, souvent méprisée par les gouvernements, joue un rôle central dans la lutte contre la faim et la préservation de l’environnement. Et pourquoi la France est très attachée à ce modèle de production.
L’année internationale de l’agriculture familiale vient d’être lancée par MM. Canfin et Le Foll. Pourquoi est-ce important pour la France et pour son action dans les pays du Sud ?
C’est important pour la France car l’exploitation agricole familiale est au cœur de son modèle productif et a permis l’énorme progression de la productivité agricole de ces 60 dernières années. L’histoire de cette agriculture familiale est bien une « success story », non pas parce qu’elle aurait généré une agriculture « parfaite », sans externalités négatives environnementales ou sociales, mais parce qu’elle permet de montrer une chose sans doute assez universelle : l’entité économique « exploitation familiale », caractérisée par un agriculteur et sa famille qui sont à la fois la force de travail et les propriétaires de l’outil de production, est l’unité d’organisation et de mobilisation du travail/capital optimale pour la production de denrées alimentaires à partir de systèmes vivants (végétaux, animaux, soumis au climat, à l’état des ressources naturelles, etc.).
 

En d’autres termes, le modèle agricole où le chef d’exploitation vit sur l’exploitation, est ancré dans sa communauté et son environnement, et dispose d’une force de travail mobilisable à tout moment est susceptible de générer des niveaux de productivité par actif (les grandes exploitations familiales de la Beauce en France) ou par hectare (les micro-exploitations familiales des Cévennes) que l’agriculture industrielle ne peut égaler. La France n’est pas exceptionnelle à cet égard. Ailleurs en Europe, en Asie ou en Amérique, l’exploitation familiale est au cœur des trajectoires de développement agricoles.
La démonstration, par l’histoire, de la force et du potentiel productif de l’agriculture familiale est un fil rouge de l’action de la France dans les pays du Sud en matière de développement agricole. Elle nous permet de mobiliser notre expérience des politiques de soutien aux agricultures familiales. Malheureusement, certains gouvernements au Sud doutent encore de la capacité de ces agricultures à se moderniser,  comptant plutôt sur les investissements directs étrangers ou des classes urbaines pour semer « en ligne » les milliers d’hectares de cultures nécessaires à l’alimentation des villes en croissance.

En quoi l’agriculture familiale est-elle importante dans la lutte contre l’insécurité alimentaire ?
L’alimentation en quantité et en qualité des ruraux eux-mêmes (qui souffrent paradoxalement le plus de la faim dans le monde) et des urbains peut difficilement se réfléchir à travers une approche maîtrisée et technocratique de planification de grands investissements venant « mettre en production » les terres agricoles des pays qui souffrent de déficits alimentaires, partant du principe que ceux qui y pratiquent déjà l’agriculture le font de manière insuffisamment efficace. Encore une fois, les agricultures les plus productives du monde, et en particulier la nôtre qui a sous-tendu notre révolution industrielle jusqu’à même arriver à des niveaux excessifs d’intensification, reposent sur les rendements et les livraisons de produits alimentaires réalisés individuellement par des exploitations agricoles familiales atomisées de taille et de structures diverses ayant fait, chacune à leur niveau, les choix raisonnés d’allocation de leurs moyens de production. Ces choix et leur impact sur les niveaux de production dépendent non seulement des données complexes de l’environnement de l’exploitation agricole (naturel, social, économique et financier), mais aussi beaucoup des incitations d’une politique publique qui le sécurise plus ou moins vis-à-vis des incertitudes et risques inhérents à la production agricole.

Ainsi, les agricultures familiales jouent un rôle fondamental dans la lutte contre l’insécurité alimentaire dès lors que les gouvernements soutiennent leur développement et leur modernisation, sécurisant leur accès au foncier et à des marchés dont les prix sont relativement stabilisés et rémunérateurs. En outre, la capacité des agriculteurs à transmettre leurs exploitations dignement à leur descendance permet d’éviter que ces actifs ruraux ne migrent vers les périphéries urbaines pour se paupériser et, sans doute, souffrir à leur tour de la faim. 
Peut-elle suffire ? Sinon, de quelles autres actions doit-elle être accompagnée ?
Lorsque l’on parle d’agriculture familiale, on ne parle pas de systèmes autocentrés et basés sur l’autoconsommation des ménages agricoles. L’agriculture familiale est avant tout une agriculture de marché, national ou d’export, insérée dans des filières qui transforment et valorisent les produits qui n’ont pas pu l’être au niveau de l’exploitation. Le croisement entre l’aménagement des territoires ruraux (pistes rurales), la conservation du capital naturel nécessaire à l’agriculture (les sols, l’eau, les arbres, la biodiversité), l’amélioration de la qualité de vie des ruraux (eau potable, santé, éducation) et l’organisation des producteurs, l’exploitation agricole, pour dotée qu’elle soit en capital et en travail, ne peut exprimer tout son potentiel.

Ainsi, pour simplifier, une politique agricole équilibrée doit s’intéresser aux structures elles-mêmes (l’accès des agriculteurs au foncier et moyens de production nécessaires), aux territoires ou terroirs dans lesquels elles sont implantées et aux filières permettant l’écoulement des produits et la distribution de la valeur ajoutée agricole.
Quelles sont les phénomènes qui menacent ces agricultures ?
Les situations sont diverses et il est important de relier ces analyses aux contextes des pays où nous intervenons. Cependant, de manière générale, l’un des phénomènes structurels qui menacent ces agricultures familiales est le manque de connaissance et de confiance des gouvernements, souvent dirigés par des élites urbaines, vis-à-vis des potentialités productives des petites et moyennes exploitations familiales, souvent désignées comme archaïques et relevant plus de politiques sociales qu’économiques.
A titre d’exemple, la question foncière est assez emblématique de cette situation : bien des projets agro-industriels, notamment en zone tropicale où les potentialités sont grandes, sont planifiés sur de vastes surfaces (milliers d’hectares), parfois considérées comme « vides », en se préoccupant insuffisamment de leurs usagers (que vont-ils devenir et combien d’emplois sont ainsi supprimés ?) et de leurs usages (quelle productivité et, surtout, quel potentiel et à quel coût l’exprimer ?). Ce phénomène s’appelle « l’accaparement foncier » ou le « land grabbing » et constitue l’une des menaces au maintien et au développement de l’agriculture familiale.
Evidemment, ces postures politiques ne sont pas de la seule responsabilité des gouvernements du Sud mais sont, bien souvent, la traduction nationale de contraintes et d’engagements pris dans le cadre de négociations internationales qui limitent ces gouvernements dans leur capacité à mettre en place les politiques publiques dont nous parlions plus haut.
Quelles actions peut-on mener – et mène-t-on - pour soutenir l’agriculture familiale ? Qu’est-ce qui est le plus efficace ? Que pourrait-on imaginer d’autre ?
Ici encore, les actions sont multiples et elles doivent partir d’une connaissance des situations et des pratiques existantes dans les territoires d’intervention.

Néanmoins, le soutien aux agricultures familiales peut se réfléchir selon les axes suivants :
  • Reconnaître qu’elles existent et qu’elles ont un rôle central à jouer dans l’avenir agricole des pays. Cela veut dire, d’abord, ne pas nier leur existence en autorisant, par exemple, l’allocation de leurs terres à des investisseurs (en général des urbains du même pays) promoteurs de projets agro-industriels de plus ou moins grande taille. Cela veut dire ensuite mettre en place des incitations et services dirigés vers les exploitations familiales et accompagnant leur modernisation. A titre d’exemple, le Cameroun a développé sur l’ensemble de son territoire un « package » intéressant résolument tourné vers le soutien aux exploitations familiales combinant formation professionnelle et insertion des jeunes agriculteurs et mise en place d’un dispositif de conseil en gestion auprès des groupements de producteurs (financement AFD à travers le C2D).


  • Favoriser la constitution de groupements de producteurs, coopératives et syndicats qui sont universellement les moyens de faire des économies d’échelle en amont des exploitations (acheter en commun des intrants), à l’aval (commercialiser), d’organiser des solidarités (accès au crédit), de se mécaniser (coopératives d’utilisation du matériel agricole) et de faire entendre sa voix. L’appui aux organisations agricoles est une dimension récurrente des projets agricoles financés par l’AFD que ce soit sous la forme de coopératives de producteurs, de centres d’économie rurale (Bassin du Fleuve Sénégal), d’associations d’usagers de l’eau autour de périmètres irrigués au Maghreb, etc...


  • S’intéresser aux territoires ruraux, environnement de la production agricole. Les projets de territoire sont également un puissant outil pour stabiliser et faire prospérer l’activité agricole, en combinant le nécessaire accès aux services de base des populations rurales et des actions structurantes permettant le développement des filières économiques (routes, marchés, abattoirs, etc.). Ces projets, lourds en investissement, représentent une part importante du portefeuille agricole et rural de l’AFD. On peut citer la Mauritanie et son projet de Valorisation des initiatives de croissance régionales équitables (VAINCRE) qui prévoit un soutien aux communes rurales pour non seulement intervenir sur l’accès à l’eau, l’éducation et la santé, mais aussi sur la structuration des filières pastorales (abattoirs, parcs de vaccination) ou céréalières (petits moulins).


  • S’intéresser aux terroirs, substrats de la production agricole et de sa diversité. L’expérience française est aussi emblématique dans sa capacité à valoriser les spécificités des produits agricoles, liées à leur territoire de production, dans le but de faire évoluer leur qualité et la valeur ajoutée retenue par les exploitations agricoles. Les dynamiques permises au Sud par le cadre légal des Indications géographiques protégées (IGP), largement appuyées par l’AFD (poivre de Kampot au Cambodge, Café des Bolovens au Laos, Huile d’Olive en Palestine ou en Tunisie, etc.), montrent tout l’intérêt de ces approches pour la valorisation économique des savoir-faire des agricultures familiales.